Ce blog a pour objectif d'évoquer des formes de création qualifiées ou considérées comme extrêmes en Russie. L'idée est non seulement de présenter l'oeuvre des artistes contemporains russes, mais plutôt de dégager les caractéristiques essentielles des rapports entre d'une part les formes artistiques et d'autre part le régime et les forces politiques de la Russie actuelle, ainsi que la réaction sur ses formes et leur rejet par la population. Vous trouverez ici mes réflexions personnelles sur le sujet, mais surtout une collection de textes, de documents et d'articles de différents auteurs qui vous permettront de comprendre mieux l'art contemporain russe dans ses controverses, mais aussi le paysage politique et social de la Russie.

dimanche 10 avril 2011

Avdey Ter-Oganian

Article publié le : samedi 16 octobre 2010 - Dernière modification le : lundi 18 octobre 2010

Advei Ter-Oganian : censure ou happening ?

« Radical Abstractionism, n°5, 6, 7, 8 » d'Advei Ter-Oganian dans l'exposition "Contrepoint. L'art contemporain russe".
sf
Par Siegfried Forster 
 
Face à la menace d’une interdiction du tableau d’Avdei Ter-Oganian « Radical Abstractionism, n°8 », les artistes russes se sont montrés très efficaces. Leur contre-menace de boycotter l’exposition a obligé le Louvre à se montrer ferme vis-à-vis des autorités russes qui ont finalement laissé sortir le tableau.


Grâce à la médiatisation, tous les visiteurs liront la minuscule pancarte qui traduit les lettres en alphabet cyrillique du tableau qui se veut (aussi) humoristique avec son rectangle noir et son petit cercle blanc sur fond rouge : « Cette œuvre incite à porter atteinte à la vie du membre du gouvernement V.V. Poutine afin de l’empêcher d’exercer des activités gouvernementales et politiques. » Le gouvernement russe avait justifié sa tentation de censure par le fait que l’œuvre – maintes fois exposée en Russie et ailleurs - pouvait être comprise « comme un appel à un coup d’Etat ». Bizarrement la déclaration du tableau à côté, « Radical Abstractionisme, n°5 » - « Cette œuvre cherche à porter atteinte à la dignité des personnes de nationalité russe et juive » - n’a provoqué aucun commentaire de la part des autorités russes. Pour Marie-Laure Bernadac, il y a un faux et un vrai débat : « Il y a une lecture stupide au premier degré qui pense qu’un carré noir sur fond rouge peut porter atteinte au chef de l’Etat, peut porter atteinte à la dignité humaine, peut porter atteinte au drapeau. » Ter-Oganian, 49 ans, a obtenu en 2002 l’asile politique en République tchèque après avoir été poursuivi en Russie pour une performance au Manège de Moscou. "Le galeriste a voulu créer le scandale."
Le jour du vernissage, l’artiste présent à Paris, fait volte-face et déclare à l’AFP qu’il était venu pour « demander l’enlèvement de ces tableaux ». Il explique son refus comme « une action artistique pour attirer l’attention du public sur le sort d’Oleg Mavromatti ». L’artiste russe Mavromatti a fui la Russie en 2000 après avoir réalisé une performance simulant la crucifixion du Christ. Actuellement exilé en Bulgarie, il craint d’être extradé vers la Russie.
Pour sa part, Michael Mindlin, directeur général du National Center for Contemporary Arts Moscou (NCCA), co-organisateur de l’exposition avec le Louvre, a assuré qu’il n’y avait pas eu de «censure» de la part du ministre russe de la Culture concernant Advei Ter-Oganian. «Le galeriste a voulu créer le scandale», a-t-il simplement déclaré à l’AFP après l’ouverture de l’exposition.

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